Transformer l’habitat par l’innovation sociale : retour d’expérience à Lesdiguières

26 juin 2025
Au sein de la résidence Lesdiguières, Actis a engagé une démarche structurée autour d’un chantier participatif, pensé comme un processus de transformation plus large.

Comment passer d’un espace collectif à un lieu de vie partagé ?

Comment réengager les habitants autour d’un projet commun dans une résidence où les relations se sont étiolées ?

À la résidence Lesdiguières, Actis a engagé une démarche d’innovation sociale ancrée dans le réel, structurée autour d’un chantier participatif, mais pensée comme un processus de transformation plus large.

Face à cela, Actis a fait le choix de ne pas intervenir uniquement par la technique, mais par une démarche méthodologique structurée d’innovation sociale, articulée autour de trois piliers : mobilisation des ressources locales, activation des communs, partenariat opérationnel. Le chantier participatif organisé avec La Miny Fabrique les 6 et 7 juin 2025 a constitué le déclencheur : l’objectif était d’agir sur le cadre physique pour ouvrir des espaces symboliques et relationnels.

La résidence Lesdiguières, en cœur de ville, dispose d’un jardin, d’une salle commune, et accueille une majorité de locataires âgés. Ce sont des ressources, mais aussi des lieux en sommeil. L’expérience passée d’une résidence intergénérationnelle (une jeune voisine à loyer préférentiel impliquée auprès des seniors) avait montré qu’un lien pouvait exister, mais il s’est délitée ces dernières années. Aujourd’hui, le constat est clair : les relations de voisinage sont rares, parfois conflictuelles, et les espaces collectifs peu investis.

Durant ces deux journées, une fresque a été réalisée, un parement phonique en bois posé, un encadrement de porte en terre crue appliqué. Ces réalisations ont redonné une identité au hall, mais elles ont surtout permis de créer du lien. La participation des habitants est restée timide, marquée par la chaleur, les tensions accumulées, la distance installée. Pourtant, une quinzaine de familles se sont manifestées. Des collégiens sans cours sont venus spontanément aider. Des salariés Actis venus d’agences et de directions différentes ont contribué. Cette dynamique intergénérationnelle, improvisée mais sincère, a permis d’esquisser une première réponse.

Car innover socialement, ce n’est pas seulement « faire autrement », c’est engager un processus de transformation ancré dans les réalités humaines, en mobilisant les ressources présentes — même discrètes, même fragiles.

Ce chantier s’inscrit dans une stratégie plus large portée par Actis. À Mandara, un jardin et une cabane d’enfants ont été conçus avec les habitants, à partir de l’analyse d’usages et d’une concertation ciblée. Les liens tissés autour de ces lieux ont permis d’impliquer des habitants peu visibles auparavant, en particulier des adultes isolés et des enfants. Ce type de projet révèle que l’espace peut devenir un médiateur de lien social.

Aux Papeteries de Pont-de-Claix, c’est une Amicale de locataires qui assure l’entretien d’une partie des communs. Actis y a soutenu la structuration d’une gouvernance habitante, renforcée par une communication partagée, une reconnaissance du travail accompli, et des outils concrets (subvention, mise à disposition de locaux). Le partenariat entre l’Amicale, l’agence et les habitants produit ici un effet structurant sur la résidence : la gestion partagée devient un levier de dignité et de confiance.

À Mistral enfin, Actis expérimente une méthode d’accueil des nouveaux habitants, avec le speed meeting culinaire « Rencontres & Recettes ». À travers un moment convivial autour de recettes préférées, les locataires peuvent se découvrir, échanger, exprimer des attentes ou formuler des propositions pour de futurs temps partagés. Ce format modeste, mais ciblé, préfigure un modèle de mobilisation douce et progressive, adapté aux réalités des arrivées par vagues dans des résidences nouvellement remises en location.

Ces expériences partagent un même ADN : celui d’une innovation sociale contextualisée, fondée sur l’observation des usages, la mobilisation des habitants, l’activation progressive des espaces partagés et le rôle central du partenariat — avec les habitants, les associations, les institutions municipales.

Elles s’inspirent aussi des travaux portés par Récipro-Cité et les enquêtes de l’Union sociale pour l’habitat sur le voisinage. Ces recherches montrent que les liens de proximité ne disparaissent pas, mais qu’ils nécessitent des conditions de fécondité : de la visibilité, de la régularité, une capacité d’accueil. Le bailleur devient ici un acteur de médiation territoriale, capable de poser un cadre, de relier, d’accompagner.

À Lesdiguières, tout ne s’est pas transformé en deux jours. Mais la démarche a permis de faire émerger des signaux faibles, de poser un acte fondateur. Elle ouvre la possibilité de réactiver la salle commune, d’organiser de nouveaux temps de rencontre, de faire émerger des initiatives habitantes. Ce n’est qu’un début, mais c’est une méthode.

Parce que l’innovation sociale, dans l’habitat, ce n’est pas seulement répondre à un besoin : c’est permettre l’apparition d’un projet commun là où il n’y avait plus que du voisinage muet.

Et cela, ça se construit.

Pour aller plus loin, nos articles autour de l’accompagnement locataires et des projets d’innovation qui accompagnent cette démarche :

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